Off The Records | 2 juillet 2008
Les réactions s’enchaînent après la remise la semaine dernière par Jean-François Copé du rapport sur l’audiovisuel public au Président de la République. Les propos de Patrick de Carolis lui ont d’ores et déjà attiré les foudres des responsables UMP et des membres du gouvernement: Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP et grand défenseur du journalisme (on se souvient de ses attaques contre l’AFP…) exige des excuses alors que Christine Albanel estime que les adjectifs, comme «stupide», employé ce matin par le PDG de France Télévisions, ne peuvent être prononcés à l’égard de l’actionnaire qu’est le président de la République. Télérama, qui avait déjà fait 10 propositions pour la télévision publique le mois dernier, publie cette semaine une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy écrite par Olivier Milot, reporter au sein de l’hebdomadaire.
Morceaux choisis…
Olivier Milot n’hésite pas à interpeller le Chef de l’Etat en l’interrogeant tout en prenant le contre-pied de ces déclarations récentes : «Ne peut-on pas aimer la télévision privée (et chacun sait que vous n’en êtes pas un adversaire) tout en défendant un audiovisuel public puissant ?» Nicolas Sarkozy connaît bien les médias dont il s’est servi pour s’imposer sur le devant de la scène politique. Enfant de la télé revendiqué, il affirme son amour du petit écran, notamment des chaînes du service public, qui remplissent selon lui une mission essentielle. Cependant, comme le pointe le journaliste, «Monsieur le Président, les déclarations d’amour ne valent que si elles sont suivies de preuves». Les prises de positions du Chef de l’Etat mettent en exergue cette contradiction entre le discours et les actes, et Olivier Milot s’interroge : schizophrénie ou cynisme du Président ?
L’idée de suppression de la publicité sur les antennes du service public, idée de gauche, est séduisante mais, comme l’écrit Olivier Milot dans Télérama, «pas au prix de l’affaiblissement du service public», «pas en organisant à nouveau sa mise sous tutelle politique». Le projet de réforme n’aboutit pour l’instant qu’à un déséquilibrage des moyens, et à un retrait du CSA. La nomination du PDG de France Télévisions en Conseil des ministres semble hérisser tout particulièrement Olivier Milot, qui se demande «qui peut sérieusement croire que ce que le Président en exercice voudra puisse être invalidé par quiconque ?» «Alain Peyreffite, sors de ce corps !» finit par lancer le journaliste, faisant référence au ministre de l’information sous le général de Gaulle. Cette dernière critique peut faire débat, et pourrait faire l’objet d’une question en direction d’Olivier Milot lui-même cette fois-ci : «qui peut sérieusement croire qu’une nomination par le CSA garantit un choix totalement indépendant des vues du Chef de l’Etat ?» La proposition de Nicolas Sarkozy d’effectuer cette nomination en Conseil des ministres tend simplement à faire coïncider la théorie et la pratique, et n’est certainement pas la mesure la plus criticable et la plus inquiétante du projet: d’autres points méritent certainement une attention bien plus importante…
Le reporter considère l’annonce du 8 janvier dernier comme « opportuniste » et « brutale », répondant notamment à deux objectifs : faire un cadeau à Martin Bouygues, qui possède TF1, et éloigner le débat public des vrais problèmes, comme le pouvoir d’achat qui faisait déjà alors vaciller le président dans les sondages. La commission Copé n’aura été, selon Olivier Milot qu’une « opération de camouflage de quatre mois », qui s’est fini avec « fleurs et couronnes » : « la commission fut couverte d’éloges, Jean-François Copé chaleureusement remercié et son rapport superbement ignoré » explique t-il. Les nouvelles taxes proposées pourront être contestées voire invalidées au niveau européen, tandis que le refus d’augmenter la redevance, au nom du pouvoir d’achat des Français peut sembler contradictoire avec cette nouvelle taxation, puisque les opérateurs téléphoniques ont déjà prévu de répercuter ces mesures sur la facture des ménages. Le transfert de la publicité est une aubaine pour les chaînes privées au moral en berne depuis les premiers succès de la TNT, mais avec un financement fragile, France Télévisions ne sortira que confortée dans sa position de colosse aux pieds d’argile.
« Monsieur le Président, rarement un actionnaire s’est aussi mal comporté avec son entreprise et les milliers de salariés qui la composent. Aujourd’hui, c’est France Télévisions et son personnel qui trinquent, demain ce seront les téléspectateurs. Cette année, les soldes d’été s’ouvrent avec la grande braderie de l’audiovisuel. Nous ne sommes pas acheteur de cette télévision publique au rabais », ainsi s’achève cette lettre ouverte, pleine de bonne volonté mais qui finira malheureusement très certainement aux oubliettes…
Les réactions s’enchaînent après la remise la semaine dernière par Jean-François Copé du rapport sur l’audiovisuel public au Président de la République. Les propos de Patrick de Carolis lui ont d’ores et déjà attiré les foudres des responsables UMP et des membres du gouvernement: Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP et grand défenseur du journalisme (on se souvient de ses attaques contre l’AFP…) exige des excuses alors que Christine Albanel estime que les adjectifs, comme «stupide», employé ce matin par le PDG de France Télévisions, ne peuvent être prononcés à l’égard de l’actionnaire qu’est le président de la République. Télérama, qui avait déjà fait 10 propositions pour la télévision publique le mois dernier, publie cette semaine une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy écrite par Olivier Milot, reporter au sein de l’hebdomadaire.
Nicolas Sarkozy sur le plateau de FR3 | photo © droits réservés |
Morceaux choisis…
Olivier Milot n’hésite pas à interpeller le Chef de l’Etat en l’interrogeant tout en prenant le contre-pied de ces déclarations récentes : «Ne peut-on pas aimer la télévision privée (et chacun sait que vous n’en êtes pas un adversaire) tout en défendant un audiovisuel public puissant ?» Nicolas Sarkozy connaît bien les médias dont il s’est servi pour s’imposer sur le devant de la scène politique. Enfant de la télé revendiqué, il affirme son amour du petit écran, notamment des chaînes du service public, qui remplissent selon lui une mission essentielle. Cependant, comme le pointe le journaliste, «Monsieur le Président, les déclarations d’amour ne valent que si elles sont suivies de preuves». Les prises de positions du Chef de l’Etat mettent en exergue cette contradiction entre le discours et les actes, et Olivier Milot s’interroge : schizophrénie ou cynisme du Président ?
L’idée de suppression de la publicité sur les antennes du service public, idée de gauche, est séduisante mais, comme l’écrit Olivier Milot dans Télérama, «pas au prix de l’affaiblissement du service public», «pas en organisant à nouveau sa mise sous tutelle politique». Le projet de réforme n’aboutit pour l’instant qu’à un déséquilibrage des moyens, et à un retrait du CSA. La nomination du PDG de France Télévisions en Conseil des ministres semble hérisser tout particulièrement Olivier Milot, qui se demande «qui peut sérieusement croire que ce que le Président en exercice voudra puisse être invalidé par quiconque ?» «Alain Peyreffite, sors de ce corps !» finit par lancer le journaliste, faisant référence au ministre de l’information sous le général de Gaulle. Cette dernière critique peut faire débat, et pourrait faire l’objet d’une question en direction d’Olivier Milot lui-même cette fois-ci : «qui peut sérieusement croire qu’une nomination par le CSA garantit un choix totalement indépendant des vues du Chef de l’Etat ?» La proposition de Nicolas Sarkozy d’effectuer cette nomination en Conseil des ministres tend simplement à faire coïncider la théorie et la pratique, et n’est certainement pas la mesure la plus criticable et la plus inquiétante du projet: d’autres points méritent certainement une attention bien plus importante…
Le reporter considère l’annonce du 8 janvier dernier comme « opportuniste » et « brutale », répondant notamment à deux objectifs : faire un cadeau à Martin Bouygues, qui possède TF1, et éloigner le débat public des vrais problèmes, comme le pouvoir d’achat qui faisait déjà alors vaciller le président dans les sondages. La commission Copé n’aura été, selon Olivier Milot qu’une « opération de camouflage de quatre mois », qui s’est fini avec « fleurs et couronnes » : « la commission fut couverte d’éloges, Jean-François Copé chaleureusement remercié et son rapport superbement ignoré » explique t-il. Les nouvelles taxes proposées pourront être contestées voire invalidées au niveau européen, tandis que le refus d’augmenter la redevance, au nom du pouvoir d’achat des Français peut sembler contradictoire avec cette nouvelle taxation, puisque les opérateurs téléphoniques ont déjà prévu de répercuter ces mesures sur la facture des ménages. Le transfert de la publicité est une aubaine pour les chaînes privées au moral en berne depuis les premiers succès de la TNT, mais avec un financement fragile, France Télévisions ne sortira que confortée dans sa position de colosse aux pieds d’argile.
« Monsieur le Président, rarement un actionnaire s’est aussi mal comporté avec son entreprise et les milliers de salariés qui la composent. Aujourd’hui, c’est France Télévisions et son personnel qui trinquent, demain ce seront les téléspectateurs. Cette année, les soldes d’été s’ouvrent avec la grande braderie de l’audiovisuel. Nous ne sommes pas acheteur de cette télévision publique au rabais », ainsi s’achève cette lettre ouverte, pleine de bonne volonté mais qui finira malheureusement très certainement aux oubliettes…