L'Humanité,
Cannes 2008
Sur le thème « Cinéma et audiovisuel : vers le démantèlement de la diversité culturelle en France. État des lieux/état d’urgence » : sur la Croisette, la colère a monté d’un cran.
Une mise au point. Six mois après l’appel lancé contre les baisses drastiques de subventions et la réunion au cinéma le Saint- André-des-Arts (voir notre édition du 17 janvier), le Collectif national pour l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle, qui tenait débat jeudi au siège de la Quinzaine, rassemble à ce jour un millier de professionnels et près de 400 structures, organisations du cinéma, festivals, associations d’éducation populaire, syndicats… Marque de la diversité du collectif, on trouvait à la tribune Eugène Andréansky, délégué général des Enfants de cinéma, Amélie Chatellier, déléguée adjointe de la SRF, Philippe Germain, délégué général de l’Agence du court métrage, ou encore Antoine Leclerc, délégué général de Carrefour des festivals. Dans la salle comble, l’on notait la présence de cinéastes, tels Nicolas Philibert, venu souligner la nécessité de convergences entre cette mobilisation et celle du Club des 13, Jean-Henri Roger ou Éric Guirado, ainsi que des représentants de la Ligue de l’enseignement ou de la fédération des MJC, comme des élus qui, tel Alain Hayot, vice-président (PCF) de PACA, sont venus dire leur soutien, leur inquiétude partagée et leur volonté d’engager des initiatives publiques. Les propos rassurants de la ministre de la Culture, réitérés lors de sa venue à Cannes, prétendant notamment organiser un doublement des crédits en matière d’éducation au cinéma ont pu faire illusion quant à la stratégie gouvernementale : aucun chiffre national n’était disponible jusqu’alors. C’est après avoir effectué un recensement laborieux qu’Antoine Leclerc a pu affirmer que « les crédits alloués à la diffusion culturelle cinématographique ont baissé de 18 % en 2008, l’amplitude de cette baisse étant corroborée par le CNC », laissant craindre le pire pour l’an prochain. Philippe Germain a dressé ensuite un inventaire des dégâts (voir encadré), indiquant que le ministère a réduit à trente la liste – confidentielle ! – de festivals qu’il entendait financer directement, une inquiétude supplémentaire pour la suite du financement national en région et « loin d’être une garantie de "sanctuarisation" des crédits, ce transfert s’accompagne parfois d’une baisse des subventions, c’est le cas du Cinéma du réel ». Festivals menacés, ateliers de pratique artistique supprimés, réseaux de salles fragilisés à qui on demande de renoncer au financement public de leurs actions éducatives… « Nous voici obligés de constater que la préférence affichée dans la lettre de cadrage de Nicolas Sarkozy à la ministre pour l’éducation à l’image et l’accès pour tous à la culture masque une volonté de démanteler soixante ans d’acquis d’une politique publique d’action culturelle et artistique », a conclu le responsable de l’agence du court métrage.
Eugène Andréansky a annoncé la tenu d’états généraux en décembre qui devraient être précédés de nombreuses actions, en direction des parlementaires de toutes opinions d’ici au vote du budget 2009 à l’automne, a précisé Antoine Leclerc. Témoin de l’attaque sans précédent contre tous les aspects de la culture, Fabienne Hanclot, de la SRF, a lu le texte des Têtes Raides (lire ci-dessous). Rendez- vous donc le 21 juin.
Cannes 2008
Sur le thème « Cinéma et audiovisuel : vers le démantèlement de la diversité culturelle en France. État des lieux/état d’urgence » : sur la Croisette, la colère a monté d’un cran.
Une mise au point. Six mois après l’appel lancé contre les baisses drastiques de subventions et la réunion au cinéma le Saint- André-des-Arts (voir notre édition du 17 janvier), le Collectif national pour l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle, qui tenait débat jeudi au siège de la Quinzaine, rassemble à ce jour un millier de professionnels et près de 400 structures, organisations du cinéma, festivals, associations d’éducation populaire, syndicats… Marque de la diversité du collectif, on trouvait à la tribune Eugène Andréansky, délégué général des Enfants de cinéma, Amélie Chatellier, déléguée adjointe de la SRF, Philippe Germain, délégué général de l’Agence du court métrage, ou encore Antoine Leclerc, délégué général de Carrefour des festivals. Dans la salle comble, l’on notait la présence de cinéastes, tels Nicolas Philibert, venu souligner la nécessité de convergences entre cette mobilisation et celle du Club des 13, Jean-Henri Roger ou Éric Guirado, ainsi que des représentants de la Ligue de l’enseignement ou de la fédération des MJC, comme des élus qui, tel Alain Hayot, vice-président (PCF) de PACA, sont venus dire leur soutien, leur inquiétude partagée et leur volonté d’engager des initiatives publiques. Les propos rassurants de la ministre de la Culture, réitérés lors de sa venue à Cannes, prétendant notamment organiser un doublement des crédits en matière d’éducation au cinéma ont pu faire illusion quant à la stratégie gouvernementale : aucun chiffre national n’était disponible jusqu’alors. C’est après avoir effectué un recensement laborieux qu’Antoine Leclerc a pu affirmer que « les crédits alloués à la diffusion culturelle cinématographique ont baissé de 18 % en 2008, l’amplitude de cette baisse étant corroborée par le CNC », laissant craindre le pire pour l’an prochain. Philippe Germain a dressé ensuite un inventaire des dégâts (voir encadré), indiquant que le ministère a réduit à trente la liste – confidentielle ! – de festivals qu’il entendait financer directement, une inquiétude supplémentaire pour la suite du financement national en région et « loin d’être une garantie de "sanctuarisation" des crédits, ce transfert s’accompagne parfois d’une baisse des subventions, c’est le cas du Cinéma du réel ». Festivals menacés, ateliers de pratique artistique supprimés, réseaux de salles fragilisés à qui on demande de renoncer au financement public de leurs actions éducatives… « Nous voici obligés de constater que la préférence affichée dans la lettre de cadrage de Nicolas Sarkozy à la ministre pour l’éducation à l’image et l’accès pour tous à la culture masque une volonté de démanteler soixante ans d’acquis d’une politique publique d’action culturelle et artistique », a conclu le responsable de l’agence du court métrage.
Eugène Andréansky a annoncé la tenu d’états généraux en décembre qui devraient être précédés de nombreuses actions, en direction des parlementaires de toutes opinions d’ici au vote du budget 2009 à l’automne, a précisé Antoine Leclerc. Témoin de l’attaque sans précédent contre tous les aspects de la culture, Fabienne Hanclot, de la SRF, a lu le texte des Têtes Raides (lire ci-dessous). Rendez- vous donc le 21 juin.
Michel Guilloux
LISTE NON EXHAUSTIVE DES BAISSES DE CRÉDIT D’ÉTAT
Institut Jean- Vigo (Perpignan :)
moins 12 000 euros dont la moitié sur des actions patrimoniales.
Association Sans canal fixe (Tours) :
la subvention passe de 15 000 à 5 000 euros.
Festival de Saint- Paul-les-Trois- Châteaux :
baisse de 17,5 %.
Festival du film court (Villeurbanne) :
baisse de 14 %.
Festival Jean- Carmet (Moulins sur- Allier) :
baisse de 50 %.
Association Plein Champ (Auvergne) :
baisse de 10 %.
Association des cinémas de l’ouest pour la recherche :
baisse de 20 %.
Le Café des images (Hérouville-Saint- Clair) :
subvention de 15 000 à 3 000 euros.
Rencontres internationales de cinéma (Paris) :
subvention supprimée, l’initiative est annulée.
Caravane cinéma d’Afrique (Sainte- Foy-lès-Lyon) :
subvention supprimée.
L’APPEL DES TÊTES RAIDESPas de fête sans musique !
Pas de musique sans culture !
Pas de culture sans nous !
21 juin BOUM !
La culture, c’est des centaines de métiers, des millions de spectateurs et d’acteurs culturels.
La culture, c’est un patrimoine à entretenir, à transmettre et à construire !
La culture, c’est l’histoire de chacun, l’apprentissage de la différence et de la diversité, la construction de la liberté individuelle au travers d’expériences multiples et polymorphes, individuelles et collectives !
La culture fait reculer la peur, l’ignorance et l’exclusion !
La culture est préalable à la récolte, elle nécessite de l’attention, de l’opiniâtreté, de la quotidienneté, de l’investissement, du professionnalisme.
Quand l’État fixe des critères économiques de résultat à la culture, il renie sa mission d’intérêt général et de service public pour lequel il est élu.
Nous, professionnels de la culture, affirmons que nous ne laisserons pas démanteler notre histoire, notre passion, notre avenir, et que comme la santé et l’éducation, c’est l’affaire et l’intérêt de tous.
La culture, c’est le relais indéfectible des idées, des luttes et des combats ! La culture nous lie et nous tient ! Ne laissons pas les chacals brouter nos idéaux !
Le 21 juin, nous occuperons un cinéma, un théâtre, une salle de danse, un monument du patrimoine, nous manifesterons spectaculairement notre soutien à tous les exclus de la liberté et des droits pour converger vers la Cartoucherie de Vincennes, lieu d’expression vivant de la culture et de la citoyenneté !