Situation de la presse écrite : débat au sénat

Sénat
Compte rendu analytique officiel du 12 juin 2008
Questions d'actualités


M. Louis de Broissia - Hélas, c'est encore une question d'actualité...

M. Didier Boulaud - PPDA !

M. Louis de Broissia - Avec la numérisation de l'information, la concurrence de nouveaux médias et la multiplication des sources d'information, les lecteurs se détournent de la presse écrite, qui traverse une grave crise. Selon l'historien Pierre Nora, la disparition de la presse papier est déjà organisée.

Les directeurs de douze quotidiens nationaux ont publié hier dans leurs colonnes une « Lettre ouverte à ceux qui veulent tuer la presse quotidienne nationale » pour protester contre l'appel à la grève, lancé la veille par la CGT : aujourd'hui, le kiosque face au Sénat est fermé, faute de journaux. (Marques d'ironie sur les bancs CRC) Hier, 300 jusqu'au-boutistes ont occupé le siège de la société Lagardère à Paris pour protester contre des remaniements dans la filière de la publication.

Le Président de la République a souhaité l'organisation, à l'automne, des États généraux de la presse écrite.

M. René-Pierre Signé - Et TF1 ?

M. Thierry Repentin - Ce n'est pas sérieux !

M. Louis de Broissia - J'ai publié, au nom de la commission des affaires culturelles du Sénat, un rapport sur la presse quotidienne d'information (rapport du 04/10/2007 en pdf ici)

Pour le titre du rapport, j'avais d'abord pensé à « Madame, la presse se meurt, madame, la presse est morte. » J'ai aussi envisagé « Tout va très bien madame la marquise ». Finalement, j'ai choisi « Chronique d'une mort annoncée ? »

M. Didier Boulaud - C'est original !

M. Louis de Broissia - Sur le fond, nous avons évoqué plusieurs pistes. Le Gouvernement va-t-il s'emparer d'un sujet crucial pour la démocratie, la presse quotidienne d'information, qui est en danger ? (Applaudissements à droite et au centre)

Mme Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication - Vous avez rappelé, monsieur de Broissia, les difficultés rencontrées par la presse écrite, confrontée à Internet, à la concurrence des gratuits et à la hausse des coûts de production et vous avez consacré l'an dernier un excellent rapport à ce sujet.

Le Gouvernement agit avec détermination, puisque le plan « NMPP 2010 » portera sa participation de 10 à 12 milliards d'euros pour ajouter cinq mille points de vente aux vingt-huit mille existants. Ces derniers mois, six cents points de vente ont été créés. Il reste à mieux former et mieux rémunérer les kiosquiers. Parallèlement, le nombre de dépôts doit diminuer. A cette fin, un plan extrêmement généreux comporte le versement de 60 millions d'euros pour trois cents départs. Ces chiffres vous donnent une idée des conditions de travail et de rémunération des ouvriers du livre...

M. Dominique Braye - Des privilégiés !

Mme Christine Albanel, ministre - Je regrette donc l'action d'un syndicat jusqu'au-boutiste.

Nous participons également au renouvellement du jeune lectorat, une des propositions de votre rapport. Mais je veux aller plus loin pour créer un besoin de presse, écrite ou en ligne. A cette fin, un plan de 50 millions d'euros accompagne la modernisation de la presse vers les services en ligne.

Ces sujets seront abordés cet automne lors des États généraux de la presse. Nous parlerons aussi des nouveaux modes de distribution, comme le portage, fréquent à l'Est de la France, mais peu développé à Paris et absent ailleurs. Nous examinerons également la sous-capitalisation de la presse.

Mme Nicole Bricq - Lagardère ?

M. Didier Boulaud - Dassault ?

Mme Christine Albanel, ministre - Votre rapport met tout un chacun face à ses responsabilités. Nous agirons avec le soutien de la représentation nationale, car l'enjeu est démocratique. (Applaudissements à droite et au centre)